12 décembre 2025

Huit lits pour les personnes en situation d’itinérance à Montmagny

Du 16 décembre du 30 avril prochain, un refuge de nuit pour les personnes en situation d’itinérance ouvrira ses portes à Montmagny. Le projet piloté par la Maison La Frontière a nécessité un investissement de 184 000 $ via divers partenaires.

Huit places seront disponibles au refuge qui se trouve au deuxième étage du Centre récréatif Clément-Laliberté situé sur l’avenue Ste-Brigitte Nord à Montmagny, près de l’aréna. Une porte située au nord du bâtiment a été aménagée spécialement pour le refuge. Même s’il n’y a plus de cours donnés lors des heures d’ouverture du refuge, les différents usagers du Centre ne se croiseront donc jamais.

Sur place, un surveillant et un intervenant accueilleront les gens. Un lit et une salle de bain sont fournis, il s’agit d’un service complémentaire à l’aide inconditionnelle disponible de jour à la Maison La Frontière. Le but principal est d’offrir un endroit sécuritaire et chauffé aux gens en situation d’itinérance et la présence d’un intervenant permet de débuter une démarche avec ces personnes.

Comment obtenir une place

Bien que le refuge soit ouvert tous les jours entre 21 h et 8 h, les gens doivent réserver leur place avant de se présenter. En semaine, il sera possible de le faire avant 16 h le jour même à la Maison La Frontière. Pour la fin de semaine et les jours fériés, il sera possible de se rendre directement au refuge entre 21 h et 22 h.

Un enjeu en évolution

L’itinérance est un enjeu qui occupe de plus en plus de place à Montmagny et partout au Québec, particulièrement depuis la période de pandémie. Autrefois invisible, car elle concernait surtout des gens qui n’avait pas de domicile fixe ou dormait dans leur voiture, l’itinérance est plus évidente dans les dernières années avec de nouveaux campements qui apparaissaient dans la ville. Cela concernerait présentement une quinzaine de personnes à Montmagny. Selon la mairesse, Gabrielle Brisebois, il avait été conseillé à ceux qui s’étaient monté un campement sur la scène de la place Montel de se relocaliser près du garage au parc Saint-Nicolas afin d’avoir accès à une prise électrique pour connecter une méthode de chauffage avant l’ouverture du refuge.

Mme Brisebois précise qu’il s’agit d’une solution rendue disponible d’urgence avec les temps froids qui s’en viennent, mais qu’elle n’est pas permanente. Le refuge sera disponible pour l’hiver, mais les différents partenaires continueront de s’assoir pour réfléchir à une solution. Elle rappelle toutefois qu’il s’agit d’une problématique très complexe, car tous les gens en situation d’itinérance ne se sont pas retrouvés à l’extérieur pour les mêmes raisons. Ils n’ont donc pas nécessairement tous besoin des mêmes ressources pour s’en sortir. « Les interdire n’est pas la solution, c’est juste se fermer les yeux sur un problème et sur le fait qu’il y a des individus qui ont besoin d’aide », a souligné la mairesse lors de la dernière séance du conseil municipal.

Inquiétudes dans le milieu

La Ville de Montmagny se dit déjà consciente de l’inquiétude qu’apportent les gens en situation d’itinérance à une partie de la population. Deux citoyens ont d’ailleurs abordé la question lors de la dernière séance du conseil municipal. Certains disent ne pas se sentir en sécurité en sachant qu’ils sont souvent dans des endroits publics et craindre que certains se réfugient dans des chalets de patineurs, par exemple, qui seront ouverts lors de la période hivernale. La mairesse de Montmagny reconnait qu’il est impossible d’obliger les gens à se rendre au refuge s’ils ne souhaitent pas le faire. « J’espère de tout mon cœur qu’ils vont y aller, mais si on n’offre pas le service, c’est certain qu’ils n’y iront pas. [...] Nos priorités présentement sont de s’assurer que personne ne va mourir de froid à Montmagny dans les prochaines semaines », a-t-elle affirmé au cours de cette même séance.

Certains ont aussi exprimé que de fournir ce service aux gens en situation d’itinérance était en quelque sorte de les encourager à rester dans cette situation en rendant ce mode de vie plus facile. « Chaque situation de ces personnes est différente. Le but est de les évaluer, de regarder avec eux la situation. Est-ce qu’on les encourage à demeurer en situation d’itinérance? Je ne crois pas. Ces gens-là le font parfois par choix, mais ce n’est pas un choix réfléchi, c’est souvent une absence de choix ou un manque de capacités à la faire. On veut les accompagner et leur donner le gout de se réinvestir dans un projet », explique Marie-Eve Langlois, Chef de programme, santé mentale et dépendance au CISSS de Chaudière-Appalaches.