18 septembre 2024

L’éducation pour combattre l’ignorance

Cette semaine, le Journal s’est entretenu avec Simon (non fictif), un homme qui a grandi dans une petite communauté et qui a dû cacher un grand secret pendant toute sa jeunesse : son homosexualité. Simon raconte comment il a appris à s’accepter et se demande pourquoi le manque d’éducation est toujours un problème dans notre société.

Simon a grandi dans une petite municipalité, comme plusieurs en Côte-du-Sud. Le genre d’endroit où le propriétaire du dépanneur est le frère du maire qui est le cousin du plus grand entrepreneur du village qui est le meilleur ami du propriétaire du casse-croûte. Le genre d’endroit où la seule façon de garder un secret est de n’en parler à personne, sinon la nouvelle fait le tour du village en une heure.

Simon savait qu’il était attiré par les hommes depuis son jeune âge, mais il n’avait jamais été capable de mettre un terme exact sur cela : homosexualité. Il avait peur de tout ce que cela pouvait représenter, mais surtout de la réaction de sa famille qu’il savait plutôt homophobe. Il a donc passé son adolescence à faire en sorte que personne ne découvre cet aspect de lui.

À 17 ans, il a enfin trouvé un prétexte pour quitter sa petite communauté : aller étudier dans une plus grande ville. Dans les mois qui ont suivi, il a rencontré pour la première fois d’autres personnes homosexuelles et il a appris à accepter son attirance pour les hommes. Il a aussi vécu ses premières expériences amoureuses. Toutefois, à quelques heures de route, sa famille n’en savait toujours rien.

Son « coming out », il dit l’avoir fait de façon accidentelle. Alors qu’il était de passage à la maison, l’un de ses parents a découvert quelque chose dans son sac. Il a été obligé de tout avouer et aussitôt sa mère s’est mise à pleurer. Ses parents lui ont alors posé beaucoup de questions, peu respectueuses à son avis, et lui ont interdit de révéler son homosexualité à d’autres gens au sein de leur communauté.

Il a fallu dix ans avant que les parents de Simon acceptent l’homosexualité de leur fils et qu’ils entament ensemble un processus de réconciliation. Dix ans pendant lesquels il a continué à grandir et à se découvrir, mais en ayant très peu de contact avec sa famille. Il s’en est formé une nouvelle lorsqu’il a appris l’importance de s’entourer de gens qui le soutenaient.

Aujourd’hui, il affirme ne plus en vouloir à ses parents. Il explique qu’il saisit maintenant à quel point ils étaient ignorants en la matière et ne comprenaient pas du tout ce que leur fils vivait. Ils avaient aussi peur pour lui, peur qu’il passe sa vie à être rejeté par la communauté à cause de sa différence.

L’éducation pour faire changer les choses

Pour Simon, un monde idéal en serait un où il n’aurait pas à faire son « coming out » à chaque fois qu’il intègre un nouvel environnement. Par exemple, lorsqu’il débute un nouveau travail, la question viendra toujours éventuellement : « As-tu une blonde? ». Il répond que non, il n’en a pas car il ne ressent pas d’attirance pour les femmes. Cela lance toujours une chaîne de murmures alors que tous ses collègues s’échangent la nouvelle : « Savais-tu que le nouveau était gai? ». Il souhaite simplement qu’un jour, dire qu’il est en couple avec un homme soit considéré comme étant aussi normal que d’être en couple avec une femme.

Il croit d’ailleurs qu’il y a toujours trop peu d’éducation donnée à propos de l’homosexualité et des enjeux LGBTQ2+ et que cela explique le manque d’ouverture d’esprit de plusieurs. « Ce n’est pas un choix que j’ai fait d’aimer les hommes. Si j’avais pu choisir, c’est certain que j’aurais voulu être hétéro, ça aurait été tellement plus simple. Mais mon homosexualité fait partie de moi et j’ai appris à l’accepter. »

Simon est également d’avis que les petites municipalités auraient tout intérêt à avoir au moins un petit mouvement de Fierté chez elles. Cela pourrait ainsi montrer aux jeunes qui se posent des questions qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a des gens près d’eux qui sont passés par là et qui sont disponibles pour en discuter sans jugement.