L’an dernier, Kruger Énergie avait tenu une première rencontre pour les citoyens de Saint- Paul-de-Montminy afin de présenter son projet éolien. L’entreprise est revenue maintenant que le projet a été accepté par Hydro-Québec présenter ce qui a changé et les étapes à venir.
Les 28 éoliennes produisant un total de 196 MW seront construites en 2027 si le projet suit l’échéancier actuel et elles seront en fonction en décembre de cette même année. Plutôt que par une ligne souterraine, l’électricité produite sera transportée vers Montmagny via une ligne aérienne qui passera par Notre-Dame-du-Rosaire.
Rappelons que les MRC de Montmagny et de L’Islet sont toutes deux partenaires à 5 % dans l’Alliance de l’énergie de l’Est.
Deux sources de revenus
Plusieurs questions lors de la soirée étaient liées aux sources de revenus de ce projet pour les MRC de Montmagny-L’Islet qui en sont partenaires via l’Alliance de l’énergie de l’Est.
Jean-Robert Poulin, directeur, développement de projets chez Kruger Énergie, précise que pour le moment il est difficile de donner des chiffres exacts, car les montants n’ont pas tous été fixés avec Hydro-Québec. Il faudra attendre quelques mois avant d’avoir un portrait plus juste.
Il précise toutefois que ce projet présente deux sources de revenus distinctes pour la communauté. La première est un montant obligatoire qui doit être versé à la communauté d’accueil, soit Saint-Paul-de-Montminy, fixé à 6 227 $/MW. La moitié de ce montant est remise à la Municipalité et l’autre moitié retourne à l’Alliance de l’Est, qui le redistribue à ses partenaires en fonction de leur part dans l’Alliance. Selon M. Poulin, pour la MRC de Montmagny qui détient 5 %, cela peut représenter quelques dizaines de milliers de dollars par année.
La deuxième source de revenus est celle des profits générés par la vente de l’électricité à Hydro- Québec. La moitié sera remise à Kruger Énergie et l’autre à l’Alliance de l’Est, car ils sont tous deux partenaires à 50 % dans le projet. La partie de l’Alliance sera redivisée selon les parts de chaque partenaire. Toujours selon M. Poulin, cela pourrait représenter quelques centaines de milliers de dollars par année pour la MRC de Montmagny ou celle de L’Islet.
Les MRC auront ensuite la responsabilité de diviser ces montants parmi les municipalités.
Kruger ouvrira prochainement un registre des entreprises de la région sur lequel les compagnies qui souhaitent participer au projet pourront s’inscrire. L’entreprise montréalaise affirme qu’elle souhaite se procurer le plus de matériaux et de services possible de manière locale afin que le projet encourage l’économie de sa communauté d’accueil.
Un projet flexible... mais pas tant que ça
Lors de la soirée d’information, plusieurs citoyens ont fait connaitre leurs craintes par rapport à l’impact environnemental du projet. Certaines personnes ont aussi mentionné qu’elles craignaient que la présence des éoliennes ait un impact sur certains lieux de villégiature.
Au point de vue environnemental, M. Poulin affirme que plusieurs études et inventaires des espèces seront effectués avant le projet afin de les localiser et de protéger leur environnement. Les inventaires se poursuivront pendant la construction et après afin de s’assurer que l’impact environnemental n’est pas plus important que prévu.
M. Poulin rappelle qu’avant même de déterminer des emplacements possibles pour des éoliennes, l’entreprise doit dresser une carte de contrainte sur laquelle elle prend en considération les règlements du territoire, la force des vents, l’environnement, etc. À la fin de cet exercice, une bonne majorité du territoire n’est plus disponible pour l’installation d’éoliennes. Pour les 28 éoliennes nécessaires, 32 sites sont actuellement envisagés. M. Poulin affirme que l’entreprise souhaite le mieux possible répondre aux demandes des citoyens concernant ce projet et avoir le moins d’impact environnemental possible, mais qu’il était impossible de complètement déplacer toutes les éoliennes. « Nous souhaitons écouter les craintes de tout le monde et chercher des solutions, mais il faut aussi demeurer réaliste. »
Qu’arrivera-t-il dans 30 ans?
Le projet de Kruger a une durée de vie de 30 ans. M. Poulin précise qu’il s’agit en fait de la durée du contrat avec Hydro- Québec. Il explique ensuite que l’entreprise aura plusieurs options une fois ce délai atteint.
Si les éoliennes sont toujours en bonne condition, elles pourraient être reconditionnées, le contrat reconduit et le parc éolien pourrait rester en opération. Si toutefois les éoliennes ne sont pas récupérables, Kruger a la responsabilité de désassembler le parc éolien. L’entreprise a d’ailleurs l’obligation de mettre de l’argent de côté dans les dernières années pour cette opération.
Prochaines étapes
Kruger Énergie déposera l’étude d’impact sur l’environnement auprès du ministère en mars 2024. Il y aura ensuite le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) dont la période d’information est prévue pour octobre 2024 et les séances publiques, si elles sont requises, pour janvier à mai 2025.
La décision du conseil des ministres est attendue pour août 2025. Kruger rencontrera ensuite les propriétaires.
À plusieurs étapes de ce projet, l’entreprise affirme souhaiter tenir de nouvelles séances d’information avec les citoyens afin de les tenir au courant de l’avancement du projet.
Soirées plus tranquilles à Notre-Dame-du-Rosaire et Montmagny
La soirée d’information du 28 février s’est tenue à Notre-Dame-du-Rosaire et a attiré un peu moins de 40 personnes.
La plupart des questions étaient reliées au profit et au financement du projet, selon M. Poulin. Il croit tout de même que cette rencontre démontre que celui-ci suscite l’intérêt des citoyens, car plusieurs se sont tout de même déplacés alors que seule la ligne aérienne amenant l’électricité vers Montmagny passe par Notre-Dame-du- Rosaire.
La rencontre organisée le lendemain à Montmagny fut également moins mouvementée que celle de Saint-Paul-de-Montmigny, avec 43 personnes présentes dont plusieurs représentants de la MRC de Montmagny.
Après une présentation d’une vingtaine de minutes par les promoteurs, la période de questions a plutôt servi à donner des détails techniques sur des points spécifiques tels que la durée de vie d’une éolienne, qui se situe à une trentaine d’années, l’entretien qui sera de première qualité car il permettra de prolonger la production, ou encore la construction de celles-ci qui sera effectuée en fonction de ce qui se produit de plus technologique pour le moment, avec un design adapté au secteur de Saint-Paul-de-Montminy.