05 février 2025

Un exode vers Lévis qui fait mal
aux équipes d’ici

L’exode de jeunes joueurs de hockey est une nouvelle réalité à laquelle les organisations sportives régionales doivent faire face. Chaque année, les Alliés de Montmagny voient six à sept de leurs joueurs quitter vers d’autres programmes de hockey plus complet, conciliant sports et études.

Le président des Alliés de Montmagny-L’Islet, Martial Morin voit cette situation se dérouler sous ses yeux depuis son entrée en poste en 2020-21. Des programmes comme celui du Collège de Lévis apportent du fil à retordre à l’organisation magnymontoise. « Qu’on perde quelques joueurs au niveau AAA, c’est normal. Ce qui arrive souvent quand les joueurs vont essayer le camp du trois, s’ils ne sont pas pris, au lieu de revenir dans le AA ici, ils vont faire un niveau équivalent scolaire souvent à Lévis, déplore-t-il. On s’entend, ceux qui partent ailleurs, ce sont souvent les meilleurs. Souvent, ça va affaiblir le niveau des équipes. On se ramasse à tirer vers le haut des joueurs qui devraient jouer dans un niveau inférieur. »

Quand l’école et le sport s’allient

Le programme lévisien est tout de même envieux. Dans une structure scolaire, les jeunes hockeyeurs vont chausser les patins chaque jour et/ou se dépasser physiquement. « On souhaite toujours que nos enfants se dépassent et ce n’est pas en pratiquant une fois par semaine et en jouant parfois seulement une fois par fin de semaine », souligne Sébastien Chabot, père de Jake qui joue maintenant avec les Commandeurs du Collège de Lévis. L’encadrement académique est aussi un facteur déterminant dans un programme comme ce dernier. Lorsque les attentes en classe ne sont pas à la hauteur, les élèves doivent retourner en sur les bancs d’école et sont privés de pratiquer jusqu’à tant que les efforts reviennent. « On trouve ça vraiment bien. Ce n’est pas juste pour le hockey qu’on le fait, mais on le fait aussi pour le côté académique. Jake, c’est ce qui l’a sauvé à l’école. C’était plus difficile pour lui au primaire. En ayant un programme hockey comme ça, il est vraiment bien encadré, explique le père du jeune Jake, Sébastien Chabot. Jake a de la difficulté en mathématiques. Il a de l’aide aux devoirs, mais il est jumelé avec un M18. Il l’aide dans ses devoirs. »

Les Chabot ont récemment décidé de quitter Montmagny afin de s’installer à Lévis. Ayant aussi une fille qui pratique le cheerleading dans le même établissement scolaire, toutes leurs activités étaient basées dans la ville de 150 000 habitants et un déménagement a permis d’éviter des centaines d’allers-retours.

De meilleures opportunités

Après quelques années au sein des Alliés de Montmagny-L’Islet, Thierry Lizotte a aussi quitté son patelin pour aller jouer au hockey à Lévis. Aujourd’hui âgé de 20 ans, le natif de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud évolue chez les Northern Cyclones au New Hampshire dans la National Collegiate Developpement Conference (NCDC), une ligue tremplin vers les programmes de hockey dans les universités américaines. « Je me suis engagé avec une université de division trois. J’ai parlé avec des écoles de division un qui me regardent. J’ai le temps de glace que je veux. Je sors du match des étoiles et plusieurs équipes m’ont regardé », explique-t-il.

Les offres ne manqueraient pas pour revenir au Québec pour le jeune défenseur qui souhaite se rendre chez les pros. « J’ai été repêché à Gatineau. L’Everest voulait faire un échange. Les Condors de Beauce-Appalaches m’ont écrit. Je voulais rester aux États-Unis. Il y a plus de visibilité. »

Des efforts mis en place

Les Alliés de Montmagny-L’Islet ont mis en place quelques initiatives pour contrer cet exode. En collaboration avec l’Everest de la Côte-du-Sud et le Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud, les jeunes d’âges M15 et M18 pratiquent une fois par semaine à Saint-Jean-Port-Joli sur les heures de cours. « Ça commence à prendre vie, mais on a besoin de l’aide du Centre de service scolaire pour aider à développer ces choses-là. Avoir du hockey pendant la journée. Les soirs pendant les pratiques, on est limité. Avoir un programme qui donne des pratiques dans la journée, c’est un gros plus », lance le président des Alliés. Martial Morin craint toutefois au futur de ces pratiques en raison des budgets qui sont réduits dans les centres de services.

Les Alliés ont aussi implanté un directeur technique au cours des dernières années dans le but, selon M. Morin, d’amener les gens à s’impliquer pour améliorer l’offre de services afin de limiter l’exode des joueurs. Son rôle : conseiller les entraîneurs/parents et amener le hockey magnymontois plus haut.