22 janvier 2025

Des mesures de sécurité qui auraient pu éviter la mort d’un travailleur à Saint-Pamphile

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rend public son rapport concernant le décès d’un travailleur de l’entreprise Pelletier électrique à Saint-Pamphile en juin dernier. Elle met de l’avant quelques mesures de sécurité qui n’ont pas été respectées par l’employeur ainsi que par les travailleurs comme causes du décès accidentel de l’homme de 32 ans.

Dans le document d’une quarantaine de pages rédigé par les inspecteurs Yannick Boutin et François Morency, les événements qui se sont produits le 3 juin 2024 sont résumés. Vers 14 h, deux travailleurs de l’entreprise Pelletier électrique se sont présentés à la une station de pompage des eaux usées de la ville de Saint-Pamphile située sur la rue de l’Église. Ils ont commencé les travaux électriques après quelques minutes, un homme travaillait sur les installations alors que l’autre préparait et fournissait le matériel nécessaire au bon moment. En agrippant deux fils pour les redresser, l’électricien a touché à la partie cuivrée de ces derniers et il subit un choc électrique. L’homme est resté sous tension quelques secondes avant que son collègue prenne l’escabeau en fibre de verre à ses côtés pour le déloger. Les secours ont été appelés vers 14 h 25 et les paramédics sont arrivés sur place à 15 h 05. La victime était alors inconsciente et des mesures de réanimation ont été pratiquées. Le décès de l’électricien a finalement été constaté au centre hospitalier vers 17 h 10.

Un choc de 600 V

Le rapport d’enquête explique que plusieurs personnes ont été interrogées dans les jours suivant l’accident afin d’établir les causes de ce dernier. Il est possible d’y lire que l’employeur a affirmé que des travaux de ce type concernant des entrées électriques de même puissance ont été confiés au travailleur dès ses débuts dans l’entreprise, donc qu’il avait de l’expérience. Il en avait d’ailleurs effectué des semblables dans un bâtiment d’une municipalité à proximité quelques heures auparavant.

Les enquêteurs ont aussi découvert que les installations n’avaient pas été mises hors tension lors des travaux. Les travailleurs avaient la clé de la station dans la voiture, mais n’étaient pas entrés dans cette dernière. Le rapport mentionne d’ailleurs que « l’expert [de la CNESST] précise que le travail à effectuer le jour de l’accident à la station de pompage nécessite le cadenassage de l’interrupteur principal à l’intérieur du bâtiment. En aucun temps le travail sous tensions n’est nécessaire. » De plus, il ne pouvait pas non plus vérifier à l’extérieur la présence de tension, car son multimètre électrique n’avait plus de batteries.

Le choc électrique de 600 V reçu par le travailleur a duré quelques secondes, mais aurait été suffisant pour lui couter la vie. En effet, un choc électrique pourrait avoir de nombreuses conséquences sur le corps humain qui est un excellent conducteur électrique à cause de son importante teneur en eau. « Le rythme des battements cardiaques est régulé par des impulsions électriques. Si un courant provenant de l’extérieur du corps passe par le cœur, il peut masquer les impulsions qui le font battre et déranger son rythme. Cette arythmie peut aller jusqu’à une désorganisation totale du rythme cardiaque, soit la fibrillation ventriculaire », explique-t-on dans le rapport. Les blessures sur les mains du travailleur ont également permis aux enquêteurs de conclure que le courant était passé d’une main qui tenait un fils pour sortir dans l’autre qui tenait l’autre fil.

Prévenir de futurs accidents

Dans son rapport, la CNESST retient trois causes de cet accident. Premièrement, le fait que le travailleur a reçu une décharge électrique mortelle de 600 V lorsqu’il a redressé les deux fils. Ensuite, le fait que le cadenassage de l’interrupteur principal de l’installation électrique de la station de pompage n’a pas été effectué avant de débuter les travaux. Finalement, le fait que les employeurs ne se sont pas assurés que les travaux électriques étaient effectués selon une méthode de contrôle des énergies, car même si les instructions avaient été données quelques jours plus tôt à la victime, il n’y avait pas de contrôle réel lors de l’exécution de la tâche et certains équipements de protections individuels (comme les bottes de la victime) ne correspondaient pas à la nature des risques. La CNESST demande donc à l’employeur de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique et psychique des employés. Il a également l’obligation selon la loi de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Le personnel devrait aussi faire équipe avec l’employeur afin de repérer les dangers et de mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST demandera à la Corporation des maîtres électriciens du Québec, à l’Association des constructeurs-propriétaires en électricité et des électriciens d’entretien du Québec, à la Fédération québécoise des municipalités ainsi qu’à l’Union des municipalités du Québec d’informer ses membres des conclusions de l’enquête. Elle demandera aussi au ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de diffuser le rapport d’enquête dans les établissements de formation qui offrent le programme d’études en électricité.