18 septembre 2024

Politiciens et victimes de violences verbales ?

Investissant de nombreuses heures de travail au bénéfice de leur collectivité en échange d’un maigre salaire, pour ensuite s’exposer aux critiques et attaques publiques de toutes sortes, les élus municipaux de la Côte-du-Sud ont bien souvent un rôle ingrat. Dans la foulée de l’adoption de la Loi 57 par le gouvernement du Québec, « favorisant l’exercice sans entraves des fonctions électives au sein des institutions démocratiques québécoises, notamment l’exercice de telles fonctions à l’abri des menaces, du harcèlement et de l’intimidation », le Journal s’est entretenu avec des représentants des quatre coins de la région afin de connaître l’état de la situation dans nos villes et villages.

1. Laurent Laverdière, maire de Saint-Fabien-de-Panet

M. Laurent Laverdière siège depuis 2017 au conseil municipal de Saint-Fabien-de-Panet, qui compte environ 950 citoyens, d’abord à titre de conseiller, puis en tant que maire.

« J’ai été confronté à des conduites perturbatrices et menaçantes de la part d’une personne en particulier », avance-t-il. Il raconte que cette personne était très arrogante lors des réunions d’assemblée, qu’elle y sacrait, et qu’elle les perturbait avec des réactions particulières et excentriques. Par la suite, ce citoyen a utilisé les réseaux sociaux pour s’attaquer aux élus, ce qui a fait dégénérer le climat.

« Aussi, il s’est mis à se présenter au bureau municipal pour réaliser des pressions sur les employées, » ajoute-t-il. La situation toxique a perduré et s’est envenimée pendant plusieurs mois, au cours desquels l’individu a multiplié les comportements problématiques, jusqu’à ce que le maire le dénonce pour harcèlement à la Sûreté du Québec (SQ). Ultimement, les policiers ont pris les mesures appropriées pour que l’ordre revienne dans la localité.

2. Jessy Croteau, conseiller à Montmagny

Élu deux fois depuis 2017 en tant que conseiller de la Ville de Montmagny, où résident 11 500 citadins, M. Jessy Croteau s’occupe des dossiers de sports, de loisirs et de vie communautaire. Il se rappelle d’un accrochage où il a été intimidé, ce qui l’a affecté individuellement.

« Oui, j’ai déjà été intimidé lors de mon premier mandat. L’incident s’est déroulé en pleine séance publique sur le cas du centre communautaire (Espace citoyen). Des gens en défaveur du projet m’ont lancé des insultes graves et ont eu des gestes agressifs à mon égard. Cette séance a été très difficile pour moi sur le plan intime, » explique-t-il. Cependant, il a apprécié que les personnes impliquées aient reconnu leurs torts et présenté des excuses officielles quelques semaines après. Cela a mis un baume sur ses plaies.

3. Anne Caron, mairesse de Saint-Damase-de-L’Islet

Engagée depuis 12 ans dans le quotidien municipal de Saint-Damase-de-L’Islet, un village de 600 âmes, à titre de conseillère puis de mairesse, Mme Anne Caron a été victime de certains gestes répréhensibles.

« Il m’est arrivé de traverser quelques situations d’intimidation par des moyens anonymes, telles que des lettres et des messages vocaux. J’en ai aussi vécu durant des séances publiques d’information sur des projets chauds, » confie-t-elle. Elle a dû aviser la SQ pour que ces agissements cessent. Elle a également cherché le soutien de ses collègues pour éviter de se sentir seule.

4. Gabrielle Brisebois, conseillère à Montmagny

Élue pour une première fois en 2021 au poste de conseillère de la Ville de Montmagny ou elle s’occupe des affaires de famille, éducation et sécurité, Mme Gabrielle Brisebois aborde avec plusieurs nuances ce dossier.

‘’ Dans notre municipalité, la situation n’est pas explosive. Les gens sont polis. Souvent, dans certains dossiers plus controversés, comme celui de REHAB, les débats sont plus émotifs. Néanmoins, il est possible d’être en désaccord ou même fâché, tout en conservant son civisme. Dans mon travail, je n’ai eu l’impression d’être intimidée. Personne n’a été pris en grippe,’’ soutient-elle. D’ailleurs, elle apporte plusieurs nuances sur la question de l’intimidation, qui est pour elle une question sensible. En effet, elle rappelle que chaque personne peut avoir sa perception personnelle d’une interaction avec une autre, tout dépendant de ses particularités et de ses susceptibilités.

Du même souffle, elle soutient que la dénonciation des gestes d’intimidation des élus sont plus difficiles en région. En effet, les victimes côtoient leurs intimidateurs au quotidien dans leur vie sociale, ce qui complique le processus de dénonciation.

5. Dyane Anctil, mairesse de Notre-Dame-Du-Rosaire

Occupant le poste de mairesse du village de 400 citoyens depuis 2014, Mme Dyane Anctil est bien au fait du désengagement des gens envers la politique municipale. ‘’Dans un premier temps, je suis très chanceuse de ne pas avoir subi de l’intimidation au cours des 10 dernières années comme mairesse. Cependant, je sais que certains de mes collègues ont subi de l’intimidation et il faut que ça cesse! C’est déjà assez difficile de trouver des élus pour nous remplacer. Au dernier scrutin, j’ai dû me représenter dans un 2e tour car personne n’avait déposé de candidature,’’ avance-t-elle.

6. Mélanie Bourgault, mairesse de Saint-Marcel

Mme Mélanie Bourgault est la mairesse de Saint-Marcel depuis 2021, et elle se réjouit du comportement courtois de ses 450 concitoyens. ‘’ Dans notre municipalité, les gens sont respectueux jusqu’à maintenant et j’espère sincèrement que ça restera ainsi. Je vais laisser mes collègues qui font face à ce genre de situation s’exprimer sur le sujet pour cette fois,’’ énonce-t-elle.

7. Simon Beaudoin, conseiller à L’Islet

L’Islet compte 4000 résidants, et Simon Beaudoin est l’un de ses conseillers depuis 2021. ‘’Non, je n’ai jamais été victime d’intimidation dans le cadre de mes fonctions d’élu,’’ raconte-t-il.

8. Richard Galibois, maire de Berthier-sur-Mer

Berthier-sur-Mur, avec ses 1500 habitants, peut compter sur Richard Galibois, maintenant maire, depuis presque 30 ans. ‘’Je n’ai jamais subi de menaces ni été intimidé de quelque façon que ce soit. Il y a bien sûr eu des sessions plus houleuses lorsque les sujets étaient chauds mais tout se déroulait dans l’ordre et dans la compréhension mutuelle,’’ énonce l’élu.