
Un homme utilise pendant 13 mois l’identité d’une ancienne amie sur des sites de rencontre

Un homme de la MRC de L’Islet, au palais de justice de Montmagny, a plaidé coupable à des chefs d’accusation de harcèlement criminel et de supposition intentionnelle de personnes. En effet, pendant une période de plus d’un an, il utilisait l’identité d’une ancienne amie afin de communiquer avec des hommes sur des sites de rencontre. Il a même divulgué de ses renseignements personnels à ces inconnus.
Le procureur, Me Jérémy Lamonde a d’abord relaté les faits qu’a reconnus le délinquant qui l’ont mené devant le juge Sébastien Proulx au palais de justice de Montmagny pour enregistrer un plaidoyer de culpabilité. L’avocat a, d’entrée de jeu, mentionné qu’il s’agissait d’un cas particulier.
En octobre 2024, une femme travaille dans un restaurant situé dans la MRC de L’Islet. Elle remarque qu’un client semble la regarder fréquemment, mais elle décide d’abord de faire ses tâches comme d’habitude. L’homme vient finalement la voir et lui dit qu’ils ont une rencontre de prévu à ce moment dans le restaurant. « La plaignante ne sait pas du tout à quoi il fait référence et l’homme dans le restaurant va lui expliquer qu’il a conversé avec elle sur un site de rencontre et qu’elle lui avait donné rendez-vous au restaurant. » Elle découvre donc que quelqu’un semble se faire passer pour elle sur les réseaux sociaux et a donné rendez-vous à un inconnu à son lieu de travail.
Elle fait d’abord des recherches par elle-même sur deux plateformes différentes et elle trouve des profils qui la représentent, mais qu’elle n’a pourtant jamais créés. Elle demande alors à un ami de tenter de communiquer avec cette personne, et de faire comme s’il était intéressé par elle afin d’obtenir plus d’information. Elle découvre que l’inconnu en sait beaucoup sur elle, car en plus de savoir le restaurant dans lequel elle travaille, il connaît le nom de ses enfants, son adresse personnelle, etc. L’ami qui joue le jeu finit même par recevoir une invitation à se présenter au domicile de la victime.
La femme commence alors à avoir peur que des hommes inconnus commencent à se pointer à son domicile et porte plainte à la Sûreté du Québec. « Cela va mener à une perquisition au domicile de monsieur où deux cellulaires vont être saisis sur lesquels les policiers retrouvent de faux comptes Facebook au nom de madame et d’autres comptes sur des sites de rencontre sur lesquels il communique avec des hommes en se faisant passer pour madame », relate M. Lamonde. Les conversations auraient duré environ 13 mois. Par crainte qu’un événement similaire, la victime dit avoir installé un système de surveillance à son domicile. L’enquête a permis de découvrir que l’homme qui a commis les gestes était un ancien ami de la femme remontant à une quinzaine d’années. Ils s’étaient perdus de vue depuis un long moment, mais il n’y avait pas eu de conflit entre les deux individus.
Les avocats avaient demandé la confection d’un rapport sur la responsabilité criminelle de l’homme, mais ce dernier ne mentionne pas de causes particulières ayant motivé de tels actes. Il reconnaîtrait toutefois la gravité de ses gestes et dit les regretter.
« C’est un cas très particulier. On ne voit vraiment pas ça tous les jours. C’est même tellement particulier que je n’ai jamais vu ça et je suis ici depuis 1998 », a affirmé le juge Proulx.
L’homme recevra finalement une absolution conditionnelle avec une probation d’une durée de trois ans. Il devra suivre toutes les thérapies prescrites par son agent de probation et ne pourra plus entrer en contact avec la femme dans cette affaire. Il devra aussi accomplir 240 heures de travaux communautaires dans un délai de 18 mois et verser un don de 3 000 $ à la Maison La Frontière. S’il respecte toutes ces conditions, les condamnations n’apparaîtront pas à son casier judiciaire.
Le juge a donné droit à cette suggestion des avocats, notamment à cause de son absence d’antécédent judiciaire et du fait que l’homme travaille parfois à l’international. Il s’est toutefois interrogé sur les chances de récidive, car les facteurs contributifs demeurent inconnus. Il a rappelé à l’homme qu’un écart de conduite pourrait le ramener devant le tribunal avec une peine beaucoup plus sévère cette fois.
À noter que pour protéger l’identité de la victime et parce que l’accusé a reçu une absolution, les noms de la victime et de l’homme ne sont pas révélés.


