22 novembre 2024

Une relation qui vire au cauchemar

Une femme du district judiciaire de Montmagny gravement blessée dans un contexte de violence conjugale est passée bien près de devenir la 8e victime de féminicide au Québec en 2023. Pour ses gestes, son agresseur vient d’être condamné à passer 7 ans et 6 mois dans un pénitencier fédéral.

Cette affaire judiciaire d’une violence inouïe révèle les sombres coulisses d’une relation marquée par la menace, la brutalité et la terreur vécue par une résidente de la Côte-du-Sud. Afin de respecter l’ordonnance de non-publication émise par le tribunal, le Journal taira le nom des personnes impliquées.

L’accusé et la victime se rencontrent en mai 2022 et forment un couple au début de 2023, malgré le fait qu’ils ne vivent pas dans la même localité. L’homme est sans emploi et dépendant au crack.

Dès les débuts de leur relation, des tensions apparaissent. « Je vais te tuer ma chienne » ou « je vais buter tous ceux que tu aimes », déclare à quelques reprises l’accusé à la victime lorsqu’ils se chicanent, des propos parfois entendus par les enfants de cette dernière.

La situation s’aggrave lorsque l’inculpé, lors de disputes, la menace avec un couteau sous la gorge à deux ou trois reprises. Il lui lance aussi des objets et lui crache parfois au visage. Au printemps 2023, il lui assène un coup de tête qui laisse une ecchymose sur le corps de la femme.

La nuit du 17 juin 2023 : la violence à son paroxysme

Le 16 juin 2023 au cours de la soirée, l’accusé est au domicile de la victime pendant qu’elle travaille. Il décide d’allumer un feu de camp. Après avoir consommé 20 bières et fumé du crack devant le fils de 16 ans de sa conjointe, il exige que celle-ci passe du temps avec lui autour du feu lorsqu’elle regagne son domicile peu avant minuit, ce qu’elle refuse, car elle est exténuée. Elle va dans sa chambre pour se coucher.

L’accusé s’installe dans son véhicule pour écouter de la musique. Vers 3 h, après avoir ruminé, il s’emporte. Il fonce dans la voiture de la dame avec la sienne, causant plus de 5 000 dollars de dommages, avant de l’abandonner dans un boisé.

Par la suite, l’homme, armé d’un couteau monte dans la chambre où se repose la femme. Une nouvelle altercation éclate au sujet de la consommation de crack de celui-ci. Il tente alors de l’étrangler au point où elle en perd le souffle. Ensuite il la poignarde dans le dos à deux reprises, près de la colonne vertébrale et à l’épaule. Malgré ses blessures graves, la victime parvient à repousser l’agresseur et à se réfugier chez un voisin où elle s’effondre blessée, mais vivante.

Les secours arrivent rapidement et la transportent à l’hôpital, où elle est traitée pour un poumon perforé. Pendant ce temps, l’accusé se rend aux policiers à 4 h du matin. Il est alors incarcéré, interdit de contact avec la dame et inculpé de voies de fait simples, graves et armées en plus de tentative de meurtre. Cette accusation a été retirée durant les procédures judiciaires.

La complexité du cycle de la violence conjugale

Malheureusement, comme dans bien des cas de violence conjugale, la victime veut reprendre contact avec son agresseur pendant qu’il est au Centre de détention de Québec. La mère de ce dernier facilite le tout en organisant quelques conférences téléphoniques à eux trois. Ces conversations valent une accusation supplémentaire à l’accusé pour avoir brisé ses conditions.