L’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches (APBPA) avait prévenu que ses membres avaient l’intention d’interdire le droit de passage sur leurs terrains aux amateurs de VTT et de sports d’hiver. Comme le regroupement juge ne pas avoir obtenu ce qu’il désirait dans le dossier l’exclusivité de la mise en marché du bois de sciage et de déroulage par le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud, le barrage est effectif depuis le 8 novembre dernier.
L’APBPA affirme que 52 municipalités entre Lévis et Kamouraska verront l’accès aux boisés privés bloqués, empêchant ainsi le passage pour tous types de véhicules récréatifs sur tous les sentiers pratiqués dans le secteur. Selon le président Raynald Nadeau, d’autres municipalités pourraient s’ajouter dans les prochaines semaines. « À défaut d’avoir été entendus, les propriétaires de boisés privés exercent leur droit d’imposer une interdiction de passage dans leur boisé privé, et ce, dès aujourd’hui et pour une durée indéterminée. »
Trop tôt pour un tel moyen de pression?
Interpellé par plusieurs acteurs dans le dossier de la mise en marché du bois de sciage et de déroulage, le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest affirme travailler à la rencontre des différentes parties afin de s’assurer que les négociations se poursuivent. « Il faut dire qu’il y a trois organismes actuellement qui sont en recours contre la décision de la RMAAQ d’accepter le règlement du Syndicat, entre autres sur le fait que la mise en marché collective sera obligatoire. Le dossier est judiciarisé et il avance. Je suis en discussion avec toutes les parties pour être au courant des développements. »
Le député d’avis que l’Association devrait plutôt attendre avant de mettre en place ses moyens de pression. « Lorsqu’il y a une problématique dans une industrie, c’est dommage de faire refléter ça dans une autre. Je crois qu’il y a d’autres chemins à prendre. Je comprends que l’Association fait son travail et elle avait averti de la fermeture. Je dis toutefois qu’il y a présentement un recours judiciaire et qu’il faudrait peut-être attendre d’avoir des réponses à ces recours avant de poser de telles actions », conclut M. Rivest.
Inquiétudes pour les impacts économiques
Via communiqué, les MRC de Montmagny, L’Islet et Kamouraska ont conjointement exprimé leurs inquiétudes au sujet des impacts économiques sur le secteur touristique que pourrait avoir le moyen de pression choisi par l’APBPA. « L’accès aux sentiers permet aux entreprises locales, incluant des établissements d’hébergement, de restauration et des stations-service, de tirer parti de cette clientèle essentielle afin de poursuivre leurs activités en saison hivernale. Les élus souhaitent vivement que les parties prenantes en viennent à une entente favorable dans le but de préserver l’accès aux sentiers de motoneige, un élément capital à l’essor du développement économique de leurs territoires et de leurs communautés », peut-on y lire.
Pour sa part, le Syndicat des producteurs de bois de Côte-du-Sud remet en question la représentativité de l’Association dans ce dossier. « À ce jour, cette association refuse de prouver leur représentativité, et ce, même en séance publique de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ). Il serait donc erroné de croire que l’opinion de l’APBPA reflète celle des producteurs de la Côte-du-Sud, bien au contraire. Nous avons ici plutôt affaire à un petit groupe de personnes qui s’oppose à une décision rendue par la RMAAQ. En d’autres mots, nous sommes confrontés à un petit groupe non représentatif qui, n’ayant pas eu gain de cause, se sert de son pouvoir de nuisance pour tenter d’obtenir ce qu’il a échoué à obtenir suite aux démarches légales et démocratiques du Syndicat. À cet effet, la Décision 12673 de la RMAAQ est assez claire. Rappelons aussi qu’au sein de cette Décision, le tribunal s’est prononcé sur le manque de transparence dans la mise en marché dans le marché du bois de sciage et déroulage dans la Côte-du-Sud. Ainsi, lorsque M. Nadeau rapporte qu’il use de l’accès à ses terrains comme étant « le dernier pouvoir qu’il lui reste », il semble faire l’oubli stratégique de son pouvoir démocratique dont il a œuvré dans les assemblées générales et de secteurs du Syndicat. Heureusement, nous vivons aujourd’hui dans un monde où la majorité l’emporte », affirme le directeur général Louis-Joseph Roy par courriel.